Une petite morte S'est couchée en travers de la porte Nous l'avons trouvée au matin Abattue sur notre seuil Comme un arbre de fougère plein de gel Couchée en travers de la porte Nous n'osons plus sortir depuis qu'elle est là C'est une enfant blanche Dans ses jupes mousseuses D'où rayonne une étrange nuit laiteuse Couchée en travers de la porte Nous nous efforçons de vivre à l'intérieur Sans faire de bruit Balayer la chambre et ranger l'ennui Laisser les gestes se balancer tous seuls Au bout d'un fil invisible À même nos veines ouvertes Nous menons une vie si minuscule et tranquille Que pas un de nos mouvements lents Ne dépasse l'envers de ce miroir limpide Où cette sœur que nous avons Se baigne, bleue sous la lune Tandis que croît son odeur capiteuse Couchée en travers de la porte Couchée en travers de la porte